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Abandon de poste : quelles conséquences pour votre contrat de travail ?

L’abandon de poste constitue une situation délicate dans le monde professionnel, tant pour l’employeur que pour le salarié. Cette pratique, qui consiste à quitter son poste de travail sans autorisation ni justification, peut sembler être une solution rapide pour mettre fin à une relation de travail devenue insupportable. Cependant, elle comporte des risques significatifs et des conséquences juridiques importantes. Cet article vous explique en détail ce qu’est l’abandon de poste, comment il est caractérisé, et quelles sont ses implications pour toutes les parties concernées.

Qu’est-ce que l’abandon de poste en droit du travail ?

Définition de l’abandon de poste

L’abandon de poste se définit comme l’absence injustifiée et prolongée d’un salarié de son lieu de travail, sans autorisation préalable de son employeur. Contrairement à une démission formelle, l’abandon de poste n’est pas une procédure encadrée par le Code du travail, mais plutôt une situation de fait qui découle du comportement du salarié. Il s’agit d’une rupture unilatérale du contrat de travail initiée par le salarié de manière implicite.

Différence entre abandon de poste et autres absences

Il est essentiel de distinguer l’abandon de poste d’autres types d’absences :

  • Démission : acte formel par lequel le salarié manifeste clairement sa volonté de rompre son contrat de travail
  • Absence justifiée : absence autorisée pour raison médicale, congés payés ou autres motifs légitimes
  • Absence pour maladie ou accident : absence couverte par un arrêt de travail
  • Grève : cessation collective et concertée du travail pour des revendications professionnelles

L’abandon de poste se caractérise par son caractère injustifié, non autorisé et par l’absence de communication claire avec l’employeur.

Comment se caractérise un abandon de poste ?

Les éléments constitutifs de l’abandon de poste

Pour qu’une situation soit qualifiée d’abandon de poste, plusieurs éléments doivent être réunis :

  1. Une absence prolongée : le salarié ne se présente plus sur son lieu de travail pendant une période significative
  2. Une absence injustifiée : aucun motif légitime n’est fourni à l’employeur
  3. Une volonté manifeste : le comportement du salarié démontre sa volonté de ne plus vouloir exécuter ses obligations contractuelles
  4. Une absence de réponse : le salarié reste silencieux face aux tentatives de contact de l’employeur

Les situations qui ne constituent pas un abandon de poste

Certaines situations peuvent être confondues avec un abandon de poste mais n’en sont pas :

  • Un retard occasionnel
  • Une absence de courte durée
  • Une absence justifiée par un événement de force majeure
  • Un congé maladie régulièrement signalé et justifié
  • Un désaccord sur les conditions de travail formellement communiqué à l’employeur

Quelles sont les conséquences d’un abandon de poste pour le salarié ?

Absence d’indemnités chômage : une réforme importante

Suite à la réforme de l’assurance chômage mise en place par la loi du 21 décembre 2022, l’abandon de poste est désormais assimilé à une démission. Cette modification majeure signifie que le salarié qui quitte son poste sans justification ne peut plus prétendre aux allocations chômage, sauf exceptions particulières. Cette mesure vise à décourager le recours à cette pratique qui était auparavant utilisée comme alternative à la démission pour bénéficier des indemnités chômage.

L’article L. 1237-1-1 du Code du travail dispose : 

«Le salarié qui a abandonné volontairement son poste et ne reprend pas le travail après avoir été mis en demeure de justifier son absence et de reprendre son poste, par lettre recommandée ou par lettre remise en main propre contre décharge, dans le délai fixé par l’employeur, est présumé avoir démissionné à l’expiration de ce délai

Risque de licenciement pour faute grave

L’employeur confronté à un abandon de poste peut engager une procédure de licenciement pour faute grave à l’encontre du salarié. Ce type de licenciement présente plusieurs conséquences :

  • Absence de préavis
  • Perte des indemnités de licenciement
  • Possibilité de demander des dommages et intérêts pour préjudice causé à l’entreprise
  • Mention du motif de licenciement dans le certificat de travail, ce qui peut nuire à la recherche d’un futur emploi

Conséquences financières pour le salarié

Sur le plan financier, les répercussions sont considérables :

  • Perte de salaire immédiate dès le premier jour d’absence injustifiée
  • Impossibilité de percevoir les allocations chômage (depuis la réforme de 2022)
  • Perte des indemnités de licenciement en cas de licenciement pour faute grave
  • Remboursement potentiel des frais de formation ou avantages obtenus si des clauses spécifiques existaient dans le contrat de travail

Comment l’employeur doit-il réagir face à un abandon de poste ?

La procédure à suivre pour l’employeur

Face à un abandon de poste, l’employeur doit suivre une procédure spécifique pour se protéger juridiquement :

  1. Constater l’absence et documenter les faits (date de début de l’absence, tentatives de contact)
  2. Envoyer une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception, enjoignant le salarié à reprendre son poste ou à justifier son absence
  3. Accorder un délai raisonnable pour permettre au salarié de répondre
  4. Déclencher la procédure de licenciement si l’absence persiste sans justification

Les obligations légales de l’employeur

L’employeur doit veiller à respecter les obligations légales suivantes :

  • Respecter la procédure de licenciement (convocation à un entretien préalable, notification du licenciement)

Les alternatives à l’abandon de poste

La démission : procédure et avantages

La démission constitue une alternative plus appropriée à l’abandon de poste :

  • Procédure claire : le salarié adresse une lettre de démission à son employeur, exprimant sa volonté de rompre le contrat de travail
  • Respect du préavis : le salarié continue à travailler pendant la durée du préavis prévue par la convention collective ou le contrat de travail
  • Image préservée : la démission préserve l’image professionnelle du salarié auprès des futurs employeurs
  • Possibilité de négocier : le salarié peut parfois négocier une dispense de préavis

La rupture conventionnelle : une solution consensuelle

La rupture conventionnelle représente souvent la meilleure alternative :

  • Accord mutuel : employeur et salarié conviennent ensemble des conditions de la rupture
  • Indemnité spécifique : le salarié perçoit une indemnité au moins égale à l’indemnité légale de licenciement
  • Droit aux allocations chômage : le salarié peut bénéficier des allocations chômage après la rupture
  • Période de réflexion : un délai de rétractation de 15 jours permet à chaque partie de revenir sur sa décision

La prise d’acte de rupture : dans quels cas ?

Dans certaines situations graves où l’employeur manque à ses obligations, le salarié peut recourir à la prise d’acte de la rupture du contrat de travail :

  • Faits graves : harcèlement, non-paiement du salaire, modification unilatérale du contrat de travail, etc.
  • Procédure judiciaire : le salarié saisit le conseil de prud’hommes pour faire qualifier la rupture
  • Risque juridique : si les manquements ne sont pas jugés suffisamment graves, la prise d’acte peut être requalifiée en démission

Recours et défense du salarié après un abandon de poste

Contester un licenciement pour abandon de poste

Le salarié qui conteste un licenciement pour abandon de poste peut saisir le conseil de prud’hommes en invoquant :

  • L’existence d’une justification légitime à son absence
  • Un vice de procédure dans le licenciement
  • Une situation de harcèlement ou de danger justifiant son départ

Les recours possibles devant le conseil de prud’hommes

Le conseil de prud’hommes peut être saisi pour :

  • Contester la qualification d’abandon de poste
  • Démontrer l’existence de circonstances atténuantes
  • Obtenir des indemnités en cas de licenciement abusif
  • Faire reconnaître une situation de harcèlement ou de danger

Le délai de prescription pour saisir le conseil de prud’hommes est de 12 mois à compter de la notification du licenciement.

Résumé : faut-il recourir à l’abandon de poste ?

L’abandon de poste représente une solution risquée et généralement déconseillée pour mettre fin à une relation de travail. Avec la réforme de 2022 qui prive les salariés concernés des allocations chômage, cette pratique a perdu son principal attrait. Dans la grande majorité des cas, il est préférable de privilégier des voies légales comme la démission ou la rupture conventionnelle. Ces alternatives permettent de préserver ses droits sociaux, son image professionnelle et d’éviter des contentieux juridiques potentiellement longs et coûteux.

Si vous rencontrez des difficultés dans votre environnement professionnel, consultez un avocat spécialisé en droit du travail pour connaître les options adaptées à votre situation spécifique. Le dialogue avec l’employeur, même dans des situations tendues, reste souvent la première étape vers une résolution satisfaisante pour les deux parties.

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