La troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3), organisée à Nice en juin 2025, s’affirme comme un rendez-vous déterminant pour l’avenir des écosystèmes marins mondiaux. Cet événement diplomatique majeur intervient dans un contexte d’urgence sans précédent pour la santé des océans, alors que la biodiversité marine continue de décliner et que les menaces se multiplient.
Ce sommet océanique réunit chefs d’État, organisations internationales, ONG et scientifiques autour d’une ambition commune : accélérer la mise en œuvre des engagements internationaux pour la protection des océans, notamment l’Objectif de Développement Durable 14 des Nations Unies consacré à la vie aquatique.
L’UNOC 3 marque un tournant dans la gouvernance océanique mondiale, avec des avancées significatives sur plusieurs fronts cruciaux pour la préservation marine. De la ratification du Traité sur la Haute Mer à la lutte contre la pollution plastique, en passant par la protection des fonds marins et l’extension des Aires Marines Protégées, les enjeux abordés lors de cette conférence engagent l’avenir de notre planète bleue.
Le Traité sur la Haute Mer (BBNJ) : Une avancée majeure pour la gouvernance océanique
Le Traité sur la Haute Mer, officiellement nommé « Accord sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale » (BBNJ), constitue l’une des avancées les plus significatives discutées lors de l’UNOC 3. Ce traité historique, adopté en mars 2023 après près de deux décennies de négociations, représente une révolution dans la gouvernance des océans.
Pour la première fois, un cadre juridique international contraignant permet de protéger la biodiversité en haute mer, ces espaces marins situés au-delà des zones économiques exclusives des États, qui représentent près de 64% de la surface des océans et abritent une biodiversité exceptionnelle mais menacée.
Ratifications et entrée en vigueur : où en sommes-nous ?
Lors de l’UNOC 3, le processus de ratification du Traité BBNJ a connu une accélération notable. Pour entrer en vigueur, le traité nécessite la ratification d’au moins 60 États. À l’ouverture de la conférence, seule une vingtaine de pays l’avaient ratifié, dont l’Union Européenne qui s’est positionnée comme chef de file sur cette question.
Le sommet de Nice a été l’occasion pour plusieurs pays de formaliser leur engagement, avec l’annonce de 15 nouvelles ratifications. Cette dynamique positive laisse espérer une entrée en vigueur du traité d’ici 2026, un calendrier jugé ambitieux mais nécessaire face à l’urgence de la situation. Les discussions ont également porté sur les mécanismes de financement qui permettront aux pays en développement de mettre en œuvre efficacement les dispositions du traité.
Objectifs : Création d’Aires Marines Protégées en haute mer
L’un des piliers du Traité BBNJ réside dans la possibilité de créer des Aires Marines Protégées (AMP) en haute mer. Jusqu’à présent, l’absence de cadre juridique international rendait pratiquement impossible la protection de ces espaces marins situés au-delà des juridictions nationales.
Lors de l’UNOC 3, plusieurs coalitions d’États ont présenté des projets ambitieux d’AMP en haute mer, notamment dans l’Atlantique Sud et l’océan Indien. Ces propositions s’inscrivent dans l’objectif global de protéger 30% des océans d’ici 2030, conformément à l’accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité. Les débats ont souligné l’importance de garantir une protection « stricte » pour au moins un tiers de ces aires protégées, impliquant l’interdiction de toute activité extractive.
Lutte contre la pollution plastique : vers un accord mondial contraignant ?
La pollution plastique des océans, véritable fléau environnemental, a occupé une place centrale dans les débats de l’UNOC 3. Chaque année, entre 9 et 14 millions de tonnes de plastique se déversent dans les océans, menaçant la biodiversité marine et la santé humaine.
Les engagements pris lors de l’UNOC 3
La conférence de Nice a marqué un tournant dans la négociation d’un traité international juridiquement contraignant sur la pollution plastique. Les délégations ont adopté une déclaration commune établissant un calendrier ambitieux pour finaliser cet accord d’ici fin 2025, lors de la sixième session du Comité intergouvernemental de négociation.
Focus sur la réduction de la production et consommation de plastiques primaires
L’un des aspects les plus débattus concernait la réduction à la source de la production de plastiques vierges. Plusieurs pays, menés par une coalition d’États européens et insulaires particulièrement vulnérables, ont plaidé pour un plafonnement mondial de la production de plastique, une position qui s’est heurtée à la résistance des grands pays producteurs.
Protection des fonds marins : Entre exploitation minière et moratoire
Les fonds marins, dernière frontière de l’exploration humaine, ont été au cœur de débats passionnés lors de l’UNOC 3, cristallisant les tensions entre protection environnementale et intérêts économiques.
Les débats sur l’exploitation des nodules polymétalliques
L’exploitation minière des grands fonds marins, en particulier l’extraction des nodules polymétalliques riches en métaux stratégiques comme le cobalt, le nickel ou le manganèse, divise profondément la communauté internationale. Ces ressources, convoitées pour la transition énergétique et numérique, reposent dans des écosystèmes marins profonds encore largement méconnus et potentiellement fragiles.
Lors de l’UNOC 3, les discussions se sont concentrées sur la nécessité d’appliquer le principe de précaution face aux risques environnementaux majeurs que pourrait engendrer cette exploitation. Plusieurs études scientifiques présentées pendant le sommet ont mis en évidence les impacts potentiellement irréversibles sur des écosystèmes uniques, notamment sur les espèces endémiques des grands fonds.
Pêche durable et lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN)
La surpêche et la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) continuent de menacer gravement la biodiversité marine mondiale.
L’accord de l’OMC sur les subventions à la pêche
L’un des temps forts de la conférence a concerné la mise en œuvre de l’Accord de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) sur les subventions à la pêche, accord “Fish 1” adopté en 2022. Cet accord historique vise à éliminer les subventions contribuant à la surpêche et à la pêche INN.
L’accord du Cap et le Port State Measures Agreement (PSMA)
La lutte contre la pêche INN a également progressé avec l’extension de l’adhésion à deux instruments clés : l’Accord du Cap sur la sécurité des navires de pêche et l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’État du port (PSMA).
Ce dernier, considéré comme un outil puissant contre la pêche illégale, renforce le contrôle des navires de pêche dans les ports du monde entier.
Aires marines protégées (AMP) : objectifs, progrès et défis
Les Aires Marines Protégées (AMP) constituent l’un des outils les plus efficaces pour la conservation de la biodiversité marine. Leur développement a été au cœur des discussions de l’UNOC 3.
Engagements nationaux et augmentation de la surface protégée
L’UNOC 3 a été marquée par une série d’engagements nationaux ambitieux. Plusieurs pays ont annoncé la création ou l’extension d’AMP dans leurs eaux territoriales, notamment dans le Pacifique Sud et l’océan Indien.
La France, pays hôte, s’est particulièrement illustrée en annonçant la création de nouvelles AMP dans ses territoires ultramarins, confirmant son statut de deuxième domaine maritime mondial.
Résumé : quel avenir pour les océans après l’UNOC 3 ? Les défis persistants et l’appel à l’action
Face à l’accélération des menaces pesant sur les océans, l’UNOC 3 de Nice a incontestablement marqué une étape importante dans la mobilisation internationale. Les avancées obtenues sur le Traité Haute Mer, la lutte contre la pollution plastique, la protection des fonds marins et l’extension des Aires Marines Protégées témoignent d’une prise de conscience croissante de l’urgence d’agir.
Toutefois, le chemin vers des océans sains et résilients reste semé d’embûches. Les tensions persistantes entre protection environnementale et intérêts économiques à court terme, les défis de financement pour les pays en développement et la lenteur des processus de ratification constituent autant d’obstacles à surmonter.
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