Vous surfez tranquillement sur internet et, sans vraiment vous en rendre compte, vous avez souscrit à un service que vous ne souhaitiez pas, partagé plus de données personnelles que prévu, ou acheté un produit avec des options supplémentaires non désirées ? Vous avez probablement été victime de dark patterns. Ces techniques de design trompeuses se multiplient sur le web et il devient crucial de savoir les identifier pour mieux se protéger.
Les dark patterns sont des techniques de manipulation utilisées sur des sites internet pour influencer vos décisions d’achat ou d’abonnement. Cet article vous aide à les reconnaître, à les éviter et à faire valoir vos droits.
Qu’est-ce qu’un dark pattern ?
Les dark patterns sont des pratiques de conception d’interface volontairement trompeuses, utilisées pour inciter les internautes à faire des choix qu’ils n’auraient pas faits librement. Cela peut aller de l’ajout automatique de produits au panier à la difficulté de résilier un abonnement en passant par des messages de fausse urgence.
Ces procédés exploitent les biais cognitifs du consommateur et sont souvent invisibles à première vue. Pourtant, ils peuvent vous faire perdre de l’argent, du temps, ou compromettre votre consentement éclairé.
Les principaux types de dark patterns à éviter
1. Le piège de l’urgence artificielle
Exemples : « Plus que 10 articles en stock ! », compte à rebours trompeur, nombre d’internautes consultant la même page. Objectif : vous presser à acheter sans comparer.
2. Le faux choix : design trompeur des boutons
Le bouton « refuser » est moins visible ou placé en bas de page. Le « oui » est mis en avant. Vous acceptez sans vraiment le vouloir.
3. Le désabonnement compliqué
Exemple typique de Roach Motel : l’inscription est facile, mais la désinscription nécessite plusieurs étapes complexes ou introuvables.
4. L’abonnement caché derrière un essai gratuit
Vous pensiez tester un service ? Vous êtes en réalité abonné à un service payant sans l’avoir souhaité explicitement.
5. Le panier modifié sans consentement
Des produits ou services sont ajoutés automatiquement à votre panier, en espérant que vous ne le remarquiez pas.
6. Les informations cachées
Frais supplémentaires ou conditions dissimulés sous la ligne de flottaison ou dans des zones peu visibles de la page.
7. La publicité déguisée
Une annonce est présentée comme un bouton ou un résultat organique, alors qu’il s’agit d’un contenu sponsorisé.
Quels dark patterns sont illégaux ?
La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) identifie plusieurs dark patterns illicites :
- Fausse urgence temporelle : création d’un compte à rebours trompeur ou promotion limitée dans le temps alors que l’offre n’est pas réellement conditionnée à une durée courte.
- Faux stocks disponibles : indication mensongère sur le faible nombre de produits restants, dans le but de provoquer un achat précipité.
- Fausse activité utilisateur : messages simulant une activité élevée (« X personnes consultent ce produit ») sans réalité factuelle, pour pousser à la décision.
- Ajouts indésirables dans le panier : produits ou services ajoutés sans consentement, comme des assurances ou des options, détectables uniquement au moment du paiement.
- Pré-sélection par défaut d’options payantes : options payantes déjà cochées, obligeant le consommateur à faire une démarche pour les refuser.
- Résiliation difficile du contrat : complexité excessive pour se désabonner, alors que l’abonnement s’est fait en un clic. Cette pratique est aujourd’hui encadrée par la loi MUPA.
- Informations dissimulées ou illisibles : texte important en petits caractères, bas contraste ou zone cachée sur la page, souvent en dessous de la ligne de flottaison.
- Publicité camouflée : contenu promotionnel présenté comme un élément éditorial ou fonctionnel sans mention explicite de sa nature publicitaire.
Ces pratiques peuvent être considérées comme trompeuses, agressives, abusives ou déloyales au sens du Code de la consommation (articles L.121-1 et suivants). Elles peuvent être sanctionnées par une amende pouvant atteindre 300 000 euros et deux ans d’emprisonnement et jusqu’à 1,5 million d’euros d’amende pour les entreprises.