Le contrôle de procédure : la validité de l’adoption de la loi Duplomb
Le Conseil constitutionnel a d’abord examiné la procédure d’adoption de la loi. Les requérants reprochaient à l’Assemblée nationale d’avoir eu recours à une motion de rejet préalable de manière abusive, ce qui aurait porté atteinte au droit d’amendement et à la sincérité du débat parlementaire.
Le Conseil a toutefois jugé que, dans les circonstances de l’espèce, l’utilisation de cet outil parlementaire n’avait pas méconnu la Constitution. Il a rappelé que la démocratie parlementaire suppose à la fois le respect du droit d’amendement et la possibilité d’utiliser les outils de procédure prévus par la Constitution et les règlements parlementaires, tant que leur usage n’est pas manifestement excessif.
Loi Duplomb et Conseil constitutionnel : l’examen au regard de la Charte de l’environnement
La valeur constitutionnelle de la Charte de l’environnement
Le Conseil constitutionnel a rappelé que la Charte de l’environnement, adossée à la Constitution, s’impose pleinement au législateur. Elle fonde des principes essentiels tels que le principe de précaution, le principe de prévention et l’exigence de développement durable.
La censure des dérogations aux interdictions de pesticides
L’article 2 de la loi autorisait des dérogations à l’interdiction d’utiliser des produits phytopharmaceutiques contenant des néonicotinoïdes. Or, le Conseil a estimé que ces dispositions n’étaient pas suffisamment encadrées et présentaient des risques graves pour l’environnement et la santé. Il a donc décidé de les censurer.
Cette censure s’inscrit dans la continuité de la décision n° 2020-809 DC, où le Conseil avait déjà restreint les dérogations possibles à ce type de substances en raison de leurs effets sur la biodiversité et la santé humaine.
Conséquences pratiques et portée juridique de la décision
La décision du Conseil constitutionnel sur la loi Duplomb illustre une fois de plus la vigilance de la juridiction dans le respect de la Charte de l’environnement. Elle rappelle aux législateurs que toute dérogation aux interdictions environnementales doit être strictement justifiée, limitée dans le temps et encadrée dans ses modalités.
Pour les acteurs agricoles, cette décision souligne que les aménagements réglementaires ne peuvent s’opérer au détriment des principes constitutionnels relatifs à la protection de l’environnement.
Résumé des points clés
- La procédure d’adoption de la loi Duplomb a été jugée conforme à la Constitution.
- Le Conseil constitutionnel a censuré les dispositions permettant de déroger à l’interdiction des néonicotinoïdes.
- Il a posé des réserves d’interprétation pour les projets de stockage d’eau.
- Un cavalier législatif a été censuré.
- Les autres dispositions de la loi ont été validées.
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